Irabazi arte

Le mardi 7 novembre 2023, 4 militant-e-s du réseau de lutte OSTIA (Okupazio Tematsua Irabazi Arte) étaient arrêté-e-s à leur domicile, pour certain-e-s menotté-e-s, et retenu-e-s en garde-à-vue durant plusieurs heures au commissariat de Bayonne. Les faits reprochés : quelques brins de paille et de seaux de terre déversés dans les locaux de BOUYGUES IMMOBILIER. Un sacré coup de filet pour la police judiciaire dans sa lutte contre l’(éco)terrorisme !
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Mais l’action menant ces militant-e-s devant les tribunaux se situe dans une lutte plus large contre l’artificialisation des terres du plateau de Marienia (Cambo), d’une haute valeur agricole, et nous rappelle un contexte plus global de répression des mouvements sociaux et écologistes.
Deux mondes qui se confrontent
Accaparement des terres, artificialisation des sols, spéculation foncière… sont la conséquence de nombreuses années de rupture (quasi) complète avec le vivant.
Opposé-e-s à ces projets mortifères, des personnes militent depuis des années. Celles et ceux qui depuis peu sont appelé-e-s « écoterroristes » ne sont pas des expert-e-s « inné-e-s » du sujet, mais ont acquis une expertise par leurs efforts de mobilisation : paysan-ne-s, naturalistes, plus largement les habitant-e-s des territoires. L’histoire des luttes écologistes peut donc remonter loin en arrière, et partout sur la planète, contre des projets inutiles qui se répètent.
Entre autres, l’apparition des Soulèvements de la Terre comme forme unitaire et organisée des luttes écologistes sur le territoire français est l’exemple d’une confrontation aux politiques écocidaires du gouvernement et des grandes entreprises. Face à l’organisation collective de nombreuses personnes, sur de multiples territoires, contre des projets de destruction des terres, les politiques basées sur l’accroissement de cette économie se sont vite senties menacées. Et c’est la raison pour laquelle, jusqu’alors épargné-e-s par la machine répressive, les écologistes incarnent de nos jours le nouvel adversaire de gouvernements enclins à défendre une politique du béton et de l’argent.
Un projet d’un autre temps
Au Pays Basque, ce sont quatre hectares de terres nourricières qui sont mises en danger par la politique du Business as Usual menée main dans la main par le maire de Cambo et Bouygues immobilier. Depuis une décennie désormais se sont succédés recours juridiques et mobilisations contre la bétonisation du plateau de Marienia. Ce projet, construire 94 logements, dont des logements sociaux, menace donc des prairies naturelles d’une grande qualité nourricière, fertiles et labourables, qui à une époque produisaient du piment d’Espelette en biologique.
Pas question ici de mettre en concurrence la possibilité de se loger et la soutenabilité alimentaire, car le droit au logement est intrinsèquement lié à l’usage que l’on a de nos terres. Seulement sur un territoire en grande tension, où l’urbanisation s’étend sans pour autant loger celles et ceux qui en ont le plus besoin, spéculation foncière et immobilière sont deux faces d’une même pièce.
Dans la lutte contre la spéculation foncière, Marienia est un symbole des enjeux actuels du Pays Basque. Il s’agit de démontrer la nécessité de sortir d’une logique de marchandisation des terres agricoles, où des projets contrevenant à la relocalisation et l’autonomie alimentaire prouvent une pensée court-termiste.
Nous savons qu’il est aujourd'hui difficile pour les agriculteur-ice-s défendant un modèle de paysannerie loin de l’hégémonie agro-industrielle d’obtenir des terres. Et une partie de la population en a assez de voir l’avenir des terres nourricières sacrifié sur l'autel du capital, à l’image des mobilisations actuelles des paysan-ne-s partout à travers le monde.
Le 12 mars 2024, quatre militant-e-s du réseau OSTIA seront jugé-e-s au tribunal de Bayonne
Nous sommes habitant-e-s d’un territoire aux enjeux pluriels, mais une chose est sûre, c’est que la protection et la revendication de nos identités passera par la protection et la défense des territoires. Il s’agit également d’un temps d’alliance, où, à l’image des nombreuses entités qui militent pour un avenir serein du plateau de Marienia (Nahi Dugun Herria, le CADE, Lurzaindia, le syndicat des paysan-ne-s ELB, Marienia Ez Hunki, OSTIA), un modèle de vie durable et digne est défendu collectivement, et où la paysannerie renforce le lien à la terre que nous avons perdu.
Face à la menace que les 3,7 hectares du plateau de Marienia soient recouverts de béton, OSTIA a recouvert de terre une maquette dans les locaux de Bouygues immobilier. Mais nos ambitions ne s’arrêtent pas là. Nous sommes toutes et tous concerné-e-s par l’avenir des terres agricoles et naturelles, et les terres de Marienia sont à défendre, jusqu’à l’abandon définitif du projet.
Alors rassemblons-nous devant le tribunal de Bayonne le mardi 12 mars, pour faire le procès de ces bétonneurs qui ont la dalle et qui ne doivent plus dicter l’avenir des terres comme bon leur semble !