Quelques enseignements après la manif pour la Palestine du 28 octobre à Baiona
Face aux violences policières et au contexte de répression toujours croissant, le Collectif Anti-Répression Iparralde a été créé pour permettre de s’organiser collectivement et de répondre à la répression systématique de l’État et sa police. Bâtir une défense politique de manière collective, c’est faire en sorte que la question de la répression et des violences policières devienne l’affaire de tout·e·s. Le collectif nous livre ici ses reflexions suite à la manifestation pour la Palestine interdite du 28 octobre à Baiona.
Ce samedi en fin d’aprem était appelé un rassemblement en soutien au peuple palestinien. Le rendez-vous était annoncé devant la gare à 17h et tout le monde était à l’heure !
Une grosse heure avant, nous avons vu tourner 3 motards qui ont profité du calme de la situation pour emmerder un scooter qui passait.
Le gros de l’équipe bleue est arrivé sur les coups de 16h30. On a au moins vu 6 camions de la police nationale, au moins une voiture de la bac, des renseignements qui sécurisaient la zone. Avant l’heure officielle du rendez-vous, une personne qui passait, peut-être trop proche, peut-être de façon trop véhémente, à côté de flics en poste s’est faite embarquer de manière violente. Selon nos informations, elle est ressortie quelques heures après. Rappelons que toute manifestation était interdite par le préfet, comme ce fût le cas jeudi dernier déjà. Lors de ce précédent rassemblement, la place de la mairie était entièrement bouclée, empêchant tout regroupement mais permettant un départ en manifestation depuis l’extérieur de la place, ce qui fût fait.
Ce samedi, situation différente avec des flics qui enjoignent, celleux qu’iels imaginent manifestant.es, à se rassembler en un seul endroit, derrière l’arrêt de tram. Enfin, si votre tête ne leur convient pas ou bien que vous portez un ikurrina un peu trop imposant, vous risquez de ne pas pouvoir intégrer le rassemblement. C’est ce qui est arrivé à l’un des camarades qui s’est vu prendre son identité et qui pour le reste de la manifestation n’a pas pu rejoindre le cortège dans les rues de Bayonne.
Nous nous retrouvons alors au milieu de nombreux bleus, dans ce qui pourrait ressembler à un début de nasse. Mais le cortège réussit à partir, gagner le pont et à se diriger vers le centre-ville. Toute la balade se fera bien évidemment sous surveillance policière à l’arrière, mais elle se déroulera sans encombre à travers les rues du petit puis du grand Bayonne. Un motard à l’avant donnera l’impression de vouloir diriger le cortège mais il devra régulièrement faire demi-tour en voyant dans son rétro que nous ne suivons pas ses traces. Durant cette déambulation, deux endroits auront été particulièrement sécurisé par les bleus, qui placèrent notamment des camions à proximité : la mairie et la sous-préfecture. Le parvis de la première sera garni à notre deuxième passage dans la zone et la route de la seconde sera barrée par plusieurs camions arrivés en vitesse.
La manifestation se termine par une prise de paroles, toujours sous les yeux de la police qui en profitera certainement pour faire du repérage. Lors de la dispersion, il semble que quelques personnes présentes ont vu leurs identités contrôlées.
De cette après-midi, nous pouvons tirer quelques enseignements pour les prochaines fois :
– Les interdictions de manifestation ne veulent rien dire en elle-même. Il est possible de s’organiser pour réussir malgré tout à former un cortège.
– Les rues du centre-ville sont à notre avantage, empêchant au dispositif policier de nous suivre de près, de nous bloquer des rues.
– Les flics visent les symboles les plus visibles au début de ces rassemblements interdits et font preuve d’excès de zèle sur ces personnes.
– Les fins de manifestations sont toujours des moments importants. Les policiers y prennent des identités, y recueillent des infos, peuvent y dresser des amendes etc. Il est donc primordial de penser collectivement ces moments : protéger celleux qui veulent se soustraire aux regards, quitter la zone en petits groupes et de manière simultanée.
Enfin, cette manifestation, comme d’autres ayant lieux en France pose la question des contrôles d’identité. La stratégie à tenir dans ces situations est évidemment personnelle. En tant que collectif antirep nous préconisons, a minima, de réfléchir en amont à cette situation. Décline t-on sa petite identité (réelle ou fausse) lors d’un contrôle de rue ? Dans le cas d’une vérification d’identité au commissariat, décline t-on sa petite identité (réelle ou fausse) ? Dans le cas d’une mise en GAV, décline t-on sa petite identité (réelle ou fausse) ?
La loi a donné de nouvelles armes face aux fausse identités qui doivent nous faire réfléchir à cette stratégie. Celle-ci n’est pas obsolète mais s’accompagne de risques : ajout d’un délit de ne pas donner son identité, prise d’empreintes et de photos de force. La question à se poser est peut-être alors celle-ci : à partir de quel moment, je choisis de décliner ma petite identité réelle ?
Il est toujours préférable de réfléchir cette stratégie en amont et de tenir au courant des personnes de confiance (notamment celleux qui a nos garanties de représentation) de notre choix, ainsi que de la potentielle fausse identité que l’on utiliserait.
Cette stratégie peut évoluer selon les situations, nous vous conseillons pour continuer cette réflexion, la lecture stratégique de la nasse faite par la Défense Collective de Rennes ici
ainsi que la stratégie contre les amendes lors des manifestations interdites proposée par la Coordination contre la répression et les violences policières Paris-IDF ici
Si jamais vous recevez des amendes suite à cette manifestation, n’hésitez pas à nous contacter :
Article paru sur le blo du collectif : https://antirepiparralde.noblogs.org/post/category/compte-rendus-de-manif/