Brigade de solidarité populaire\Baiona
La brigade de solidarité populaire de Baiona s'est créée il y a un peu plus d'un an, en novembre 2020, au début du second confinement. C'est un réseau de solidarité international lancé au départ en Italie et qui existe maintenant dans beaucoup de villes belges, suisses françaises et maintenant basques.
Quand et comment est née la brigade de solidarité populaire à Baiona ?
Nous sommes partis d'un même constat, celui de la nécessité de construire nos propres outils de solidarité et de partage face à la crise sociale et sanitaire.
Avec la brigade de solidarité, nous cherchons à nous auto-organiser, a créer des espaces d'échanges et d'entraide en comptant sur nos propres forces, à finalement mettre en pratique le slogan des brigades : "par le peuple et pour le peuple".
Au départ, la pena du Baiona Football Club nous a accueilli pendant plusieurs mois pour ouvrir des permanences, aujourd'hui nous sommes ouvert tous les mardis de 17h à 19h à Epaiska. Un vrai réseau et une belle dynamique s'est créée autour de la brigade avec des structures (asso, magasin, bar.. ) qui nous font des dons chaque semaine en plus des personnes qui passent aussi nous voir.
Qui y participe (animateurs/trices, donateurs/trices, utilisateurs/trices) ? Comment êtes-vous organisé-e-s
Au départ nous étions six volontaires prêts à tenir les permanences, puis la brigade s'est élargie avec d'autres volontaires qui se retrouvent sur le projet politique, mais aussi avec les personnes qui amènent des dons chaque semaine, les personnes qui passent à la brigade pour discuter, se poser un peu et prendre des provisions, les personnes qui filent un coup de main de temps en temps. Chacun.e fait à la mesure de ce qu'il peut en accord avec le projet.
La démarche, au delà d'un aspect humanitaire, a une dimension politique. Comment la définir ?
Notre démarche est avant tout politique. Il s'agit de générer des solidarités concrètes avec les plus précaires et les isolés d'entre nous, de créer des zones autogérées de résistance où l'on met en pratique d'autres formes de vie et de rapports sociaux, de dénoncer des politiques ultra libérales et un système basé sur le profit la concurrence et l'intérêt privé. Une trajectoire qui assume la rupture avec l’ordre capitaliste existant comme perspective stratégique et l’auto-organisation populaire sur une base territoriale comme élément de genèse d’un contre-pouvoir effectif.
Comment faites-vous face à la dichotomie personne donatrice/personne utilisatrice ?
On dépasse ce cadre en fait, on fait un pas de côté, les personnes qui viennent faire des dons peuvent être également bénéficiaire et inversement. Tout le monde file un coup de main aux permanences, on ne réfléchit pas en termes de bénéficiaires et personnes donatrices.
En quoi se distingue-t-elle des associations agissant déjà sur le terrain de la solidarité avec les plus précaires ?
Nous ne sommes pas dans une optique de contrôle social, personne ne doit justifier de son "statut de pauvre" pour venir aux permanences. Chacun.e prend ce qu'il/elle veut, ce qui compte ce sont les espaces d'autogestion et de rencontre que nous sommes capable de créer. Nous sommes pas dans une démarche humanitaire mais réellement politique.
La brigade a-t-elle des relations avec d'autres initiatives similaires dans l'état français ou ailleurs ?
Nous faisons partie d'une plateforme internationale qui nous permet de rencontrer d'autres brigades d'autres villes et de mieux coordonner nos actions.
Après plus d'un an d'existence quels sont les premiers enseignements que vous tirez de votre action ?
On a de plus en plus de visites, en une année la crise sociale s'est fortement accélérée. On voit la ville se gentrifier , et les personnes avoir de plus en plus de mal à finir le mois. Du coup on essaie de générer des solidarités concrètes afin de soutenir les plus précaires : travailleur.s.es, migrant.e.s, étudiant.e.s, personnes sans domicile fixe, personnes âgées isolées... Cela donne encore plus de sens aux projets et aux espaces de solidarité que l'on essaie de créer.
En un an, les personnes qui s'investissent dans la brigade se sont également largement renouvelées, on essaie de devenir un point de rencontre pour les personnes qui se reconnaissent dans nos idées politiques, et d'être un lieu de lutte ouvert, visible qui occupe le terrain.
Avez-vous la volonté ou les opportunités d' organiser d'autres brigades dans d'autres lieux du Pays Basque (Nord ou Sud) ?
Comme on l'a dit, les brigades sont une plateforme, chacun.e peut créer une brigade dans sa ville et créer un espace de solidarité autogéré. Les brigades sont un moyen mais il en existe plein d'autres qui sont déjà existants mais peut-être moins visibles.